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 In the silence of the night... (Elena)

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Pearl N. Uriel

Pearl N. Uriel


† Date d'inscription : 10/08/2009
† NBR MSG : 13

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MessageSujet: In the silence of the night... (Elena)   In the silence of the night... (Elena) Icon_minitimeLun 26 Oct - 3:51

La vie est un Coeur de pierre.(Ponge)


-Merde !

Avec colère, il froissa la feuille qu’il venait d’écrire, tâchant ses doigts pâles d’encre encore fraîche, et la lança derrière lui avec colère. Celle-ci s’envola dans une trajectoire courbe, avant d’atterrir parmi les autres boules, jetées à même le sol. Mais il ne s’en préoccupa pas. Plus tard. Sous le coup de la colère, il se prit la tête entre les mains, dents serrées, paupières fermées, misérable protection contre la frustration et le désespoir qui bouillonnaient en lui. Il avait finit son service plus tôt ce soir là, et avait voulut profiter de son temps libre pour continuer une nouvelle ébauche d’histoire. Cependant, depuis quelques jours, à son grand agacement, il n’arrivait plus à écrire, il lui semblait que les mots restaient coincés au bout de sa plume, en ressortaient tordus, contrefaits. Une véritable abomination. A ce rythme là, il n’y arriverai jamais. Contrairement à ces autres nouvelles, cette histoire là était un conte, qu’il ne destinait pas à la publication. Non, personne d’autre que lui ne devrait poser les yeux sur ce manuscrit. Celui-ci serait sa catharsis. Son exutoire. C’était un conte fantastique, l’histoire de deux enfants, se battant, chacun de leur côté contre l’adversité. Deux frères, qui au terme de leur aventures, se retrouvèrent, et vécurent heureux. Ensembles.
Lui et… Lou.

Cependant, il avait beau essayer d’écrire, il n’y arrivait pas. C’était comme si soudainement toute son inspiration s’était envolée, le manche de sa plume lui brûlait les doigts, et le spectre de sa feuille blanche le narguait en riant. Parce qu’au final, tout cela aussi n’était que mensonges. Illusions. Lou était mort, devant ses yeux. Lou, qu’il avait tué une deuxième fois, en rejetant désespérément un souvenir qui se faisait trop lourd, en brisant la promesse qu’il lui avait faîte. Lou, il l’aimait. Lou, il l’avait tué. Comment pouvait-il y avoir une réparation à cela ?
Oui tu n’es qu’un monstre. Condamné à être seul. Toujours seul…
Avec colère, il balaya la table d’un grand mouvement de bras, envoyant des feuilles voltiger à travers la chambre, alors que l’encre se renversa sur le bureau. Puis levant les yeux vers le plafond, et murmurant, parcouru d’un rire nerveux.

-Tu dois bien rire là haut, n’est-ce-pas, Lou ? Ou peut être suis-je trop immonde pour que tu daignes poser les yeux sur moi…

Mais seul le silence lui répondit, tandis que sa voix se perdit dans le vide. Silence, vide et oppressant. Jamais il n’arriverai à écrire ce conte. Parce que le souvenir de Lou était encore trop présent en lui, trop difficile à exorciser, une plaie au fer rouge, gravée au plus profond de son cœur. Ce souvenir, c’était sa malédiction. Il l’avait bien mérité.
« Non ! » pensa-t’il, dans un sursaut de colère désespérée, en se levant brusquement. Non, il ne les laisserait pas le dévorer ! Il n’était pas Lou, Lou était mort, à jamais ! Contemplant le désastre des feuilles éparpillées et de l’encre, qui gisaient à terre, il poussa un soupir. Il n’aurait pas du se lancer dans ce projet. Il était impossible de réécrire le passé. Le passé devait être enfoui dans un coin de sa mémoire, oublié à jamais.
Oh, mensonges, comme d’habitude…

Se dirigeant soudainement vers la porte, il saisit son manteau et sortit. Il avait besoin d’air frais, comme un besoin de plus en plus fort, d’échapper à la sensation d’oppression, qu’il ressentait entre ses quatre murs. Descendant rapidement les escaliers de l’immeuble, il poussa la porte et sortit. Fit quelques pas, à travers la rue déserte, où l’air glacé se mêlait à la pénombre, éclairée seulement, par la lumière faible de quelques réverbères. Marchant, sans même savoir où il allait, il ferma les yeux un instant, se concentrant sur le silence. Quand soudain, un bruit attira son attention. Levant les yeux, il aperçut un homme qui venait à sa rencontre, la démarche titubante, visiblement ivre.
« Tss. Encore une soûlard. »
Immobile, il l’observa des ses yeux mordorés au regard vide, alors que l’inconnu, l’apostropha rudement.

-Hey mon pote, t’aurais pas une pièce à me passer ? Ma bouteille est vide, tu sais ce que c’est hein ?

L’homme se tenait à présent devant lui, et il pouvait sentir son haleine fétide, puante d’alcool. Toujours en silence, Pearl le toisa un instant dédaigneusement, avant de lui tourner le dos, et de continuer sa marche. Cette misérable créature ne valait même pas la peine qu’on lui adressait la parole. Soudainement, il sursauta alors qu’une main, lui administra une grande tape dans le dos, qui manqua de le renverser, alors que l’ivrogne reprit.

-Allez quoi, juste une pièce !On se comprend, on est tous pareils quoi !

Et ce fut la phrase de trop. Une rage immense, bouillonnante l’envahit, alors qu’il se retourna, les yeux brûlants de colère. Comment avait-il osé… le comparer lui, à l’odieuse créature qu’il était ? Déjà il pouvait sentir le trop plein d’émotion l’envahir, tout son être brûlait, il n’avait plus aucun contrôle de lui-même, aveuglé par une rage bien trop violente, bestiale. Et les mots sortirent, trop forts, incontrôlés, bien trop désirés, alors qu’un étrange signe apparut dans son œil…

- TAIS-TOI !!!

Epouvanté, l’homme se figea, les yeux écarquillés, s’apprêta à prononcer quelque chose, alors que ses lèvres s’ouvrirent… et remuèrent dans le vide. Avec horreur, il porta la main à sa gorge, sa bouche s’ouvrant et se refermant toujours désespérément, les yeux exorbités. Et devant tant d’horreur, un spectacle aussi pathétique, Pearl éclata de rire, un rire haut et dément, qui alla se briser sous la voute du ciel, misérable créature, il l’avait bien mérité, et une jouissance nouvelle l’envahissait, une sensation de toute puissance, oui il était seul, seul contre le monde, mais il était fort, bien plus fort que tout les Autres, il lui suffisait d’un mot…
D’un mot.
D’un mot pour tuer quelqu’un… comme il avait tué sa mère.

Se rendant compte de ce qu'il venait de faire, il se retourna vers l’homme, qui d’un regard suppliant, suffocant, alors que désespérément ses lèvres brassait l’air en vain, s’accrochait à sa chemise, il le repoussa brusquement avec dégoût et terreur, et prit ses jambes à son cou. La tête douloureuse, le regard vide, il courrait, courrait, sans même savoir où il allait, mût par un instinct de survie animal, il courrait, sans autre but que de mettre de la distance entre le muet et lui-même, sans prendre garde où il allait, et il lui semblait que même le paysage s’était effacé, ne laissant place qu’à son corps svelte, qui filait à toute allure.

Le souffle court, le cœur battant, il s’arrêta finalement, et leva les yeux. Devant lui se dressait la colline d'Hampstead Hill et le cimetière. Avançant doucement à travers la pénombre, il traversa la butte, quelques feuilles craquèrent sous se pied alors qu’il continuait son ascension, et finalement passa le portail et s’engouffra parmi les tombes. Il n’aimait pas le cimetière. Parce que c’était là que reposaient les corps de sa mère et de Lou, et trop de souvenirs, enfouis avec eux. Mais il ne voulait pas retourner chez lui, au risque de croiser cet homme rendu muet… par sa faute. Doucement, il se mit à déambuler en silence entre les tombes. Le silence, l’obscurité de la nuit lui firent du bien, alors que peu à peu, il reprenait ses esprits. Il attendrait encore un peu, puis rentrerait, cet homme n’était sûrement qu’un mendiant, et n’aurait plus l’occasion de raconter ce qui s’était passé. Car personne ne devait être au courant de cela. Non personne. Soudain, sans qu’il ne sache vraiment pourquoi, il décida d’aller voir l’endroit où était enterré son frère. Après un long moment de recherches, il n’était pas revenu le voir depuis plusieurs années. Quelque peu à l’écart, sur une pierre grise et usée, recouverte par la mousse et aux alentours envahie par les mauvaises herbes, il finit par retrouver l’inscription :

Ci gît Lou Uriel ( 1874- 1884)

Avec un sourire amer, il leva les yeux au ciel.

-Ainsi, même père ne vient plus te rendre visite…

Oui, son frère n’était plus qu’un souvenir, qu’ils avaient tous jugés bon d’enterrer. Avec tristesse, il ferma les yeux, s’assit à même la pierre tombale et se prit la tête entre les mains. Oh, juste un peu de silence. Juste un peu de paix. Mais soudain, un bruit résonna à travers le silence, un son inattendu qui le fit sursauter, alors que prit au dépourvu, il se retourna brusquement, et avec colère, vers sa source, fixant la pénombre de ses yeux bleu acier.
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Elena E. Van de Castele

Elena E. Van de Castele


† Date d'inscription : 16/02/2009
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MessageSujet: Re: In the silence of the night... (Elena)   In the silence of the night... (Elena) Icon_minitimeDim 20 Déc - 17:19

Les jours se ressemblent de plus en plus. Je m’éveille avant l’aube, je mange un peu, je sors afin d’ouvrir mes sens à l’éveil de la ville, puis je retourne chez moi. Enfermée dans ma petite maison, à côté du quartier des vampires, je voue mes journées à la mélomanie. J’aimerais un jour être le centre d’un concert. Les gens plongés dans le noir m’observerait, jeune fille encore gamine et immature, incliner les touches du piano avec mes doigts et donner au piano la magie du rire et des larmes. Vêtue de noir comme cet instrument, je disparaîtrais dans l’atmosphère dont je serais maître, et j’emporterais mon public vers d’autres lieux, bien loin de leurs rues tristes et crasseuses.
Je passe mes journée à la rêvasserie. Je regarde parfois mes bras, et mes journées deviennent larmes infinies. Quand les placards sont vides, me voilà obligée de sortir de mon antre et de rejoindre la foule, ce monde bruyant qui grouille entre les étals. Me voilà ombre souriante, je me fonds dans l’ombre des gens qui n’aperçoivent qu’un visage parmi tant d’autres, un visage doux qu’ils apprécient. Ils ignorent que je suis leur voleuse, dérobant perfidement l’argent de leurs poches et la marchandise de leurs étals. Mais il arrive que je sois véritablement gentille et que j’achète avec l’argent contenu dans mon propre sac, bien que cet argent soit de l’argent volé. A-t-on déjà pensé un jour à un monde sans argent ? Un monde où tous auraient le droit de se servir quand besoin est afin de manger à sa fin sans avoir à errer dans les rues un gobelet métallique ou un chapeau rapiécé en main, sans avoir à suer de grosses gouttes pour quelques pièces sans valeur ? Bien des enfants ont dû tenter d’imager un monde ainsi, mais aucun sans doute n’a réussi à avoir une image nette d’un monde aussi idéal.
Le soir, me revoilà dehors afin de m’établir aux alentours de la cathédrale, lieu envoûtant pour une âme damnée comme la mienne. C’est étrange comme les âmes noires sont attirées par la lumière. Peut-être serait-ce pour en voler une parcelle aux pratiquants ? Après tout, les vampires ont besoin d’un sang humain empli de vie, un sang donc vif et lumineux. Lorsque se couche le soleil, je sors de la ville afin de pouvoir contempler le disque se cacher derrière l’horizon sans être gênée par les toitures. J’ai déjà observé un coucher de soleil du haut de la cathédrale, le spectacle était tout différent mais impressionnant. Voir les rues plonger doucement dans l’obscurité, comme une aura noire qui se répand peu à peu, allongeant les ombres. Lorsque le crépuscule étend son emprise dans la ville, ma pensée alors fertile ressemble à des dizaines de ficelles qui s’emmêlent entre elles dans le noir. Et quand le ciel devient bleu encre, je retourne dans mon antre en volant par-dessus les toits. Comme tout un chacun, je dors la nuit, après avoir souhaité bonne nuit à Niizie.

Je souhaiterais que mes jours soient mieux remplis. Alors je vais quelquefois assister à un concert de piano qui souvent me bouleverse, mais l’ennui me guette. Mon dernier espoir pour l’écarter est la Reine d’Angleterre car, bien que je la haïsse, cela m’occupe voire m’amuse de l’espionner ainsi. Je sais que dans deux jours, elle va trébucher sur un pli de tapis et se tordre la cheville, sans conséquence pour sa santé fort heureusement pour elle. Ce n’est qu’une futilité certes, mais cela me montre pour la énième fois que la Reine n’est pas quelqu’un de fort et hors d’atteinte. Elle est bien capable de trébucher comme tout le monde sur un pli qui n’aurait pas dû être là. Le majordome sera sans doute charrié mais sans plus.
A l’instant où j’écris ces lignes, voilà que je repense à la Dame. J’ai beau perdre la tête, je ne me souviens que trop bien de ses yeux luisants comme le saphir et de ses lèvres comme acidulées. J’ignore qui elle est, mais d’un baiser elle m’a comme qui dirait sauvé la vie. Dans ses yeux j’ai vu le ciel. Dans le ciel, la lumière. Dans la lumière, la vie. Elle m’en a insufflé une parcelle et je l’en suis grée. Je me rappelle la nuit qui a suivi, cette nuit pleine de couleurs et de fantaisie. Je me rappelle aussi ce qui a suivi. La mort de Lilith, puis celle d’Anechka. Les dernières qui avaient établi un lien avec moi. A présent me voici seule, mais pas réellement. Je suis sûre que la Dame qui m’a offert un peu de ses yeux. Certes mes iris sont toujours aussi détestables, mais ce qu’ils voient est merveilleux.

J’en ai marre de rester sur ce bureau à écrire, j’ai besoin de me sentir libre. De toute façon, le soleil va bientôt se coucher, il faut que je sorte.
Je range donc ma plume, souffle sur mes derniers mots, déploie mes ailes et m’envole hors de mon nid. Je me pose sur les toits, observe le ciel déjà plus pâle que durant la journée. Hum, je n’ai pas envie de sortir de la ville, les toits me plaisent bien. Mais ils ne sont pas aussi sûrs qu’ils en ont l’air, je me suis déjà laissée piéger une fois. J’aimerais rejoindre la cathédrale et ses nombreuses marches d’escalier. Mais un désir plus fort s’éveille alors en moi, et mes yeux contre mon gré viennent toucher les flèches de l’abbaye de Westminster.Cette abbaye de toute son ombre me taquine et me provoque, car je ne suis jamais venue fouler son sol de mes pieds souillés, je ne me suis même jamais approchée de tant de pureté. Peut-être est-ce pour cette raison qu'elle rie de moi. Je ne suis qu'une petite tache sur un tableau divin, une tache misérable qu'un infime coup de pinceau réduirait à néant, une tache qui, du jour au lendemain, cesserait d'exister n'aurait jamais existé. Elle se croit bien supérieure cette abbaye, me voyant réduite à rentrer en douce dans une de ses inférieures camarades, me voyant fuir à la première alerte d'un religieux venant faire une prière. Non, je n'ai pas le droit d'être si haut dans cette cathédrale, mais elle me laisse entrer en tout objectivité. Non, peut-être même n'est-elle plus objective, car elle m'est aujourd'hui d'une compagnie agréable, d'une compagnie dont je ne peux plus me passer. Il n'est pas rare que je m'installe haut, très haut dans cette cathédrale, là où depuis bien longtemps des cordes interdissent le passage, que je m'assoie contre un mur et que, m'imprégnant de cet air si agréable pour mes narines habituées aux odeurs nauséeuses s'échappant souvent du quartier des vampires, je semble quitter mon corps pour m'en aller là où personne ne me rejoindra, là où je peux jouer du piano sans doigt ni touches, là où je peux virevolter avec le vent sans matière ni rafale, là où je peux si je le souhaite fouler de mon âme la sombre demeure de la Reine. Voir l'avenir semble si simple, si idiot, si inutile dans mon cas. Et pourtant, en regardant l'avenir proche de la Reine, je regarde la Reine elle-même, je l'espionne. Un jour peut-être la connaitrais-je plus intimement qu'on le conseillerait. Et tout cela, la cathédrale l'accepte sans opposition. Que l'abbaye de Westminster ne se fasse pas d'illusion. Car un jour, plus tôt qu'elle ne pourrait le croire, je m'introduirai entre ses murs, mes pas résonneront contre ses autels, et mon rire résonnera jusqu'en ses sommets. Ce rire que jamais je n'ai laissé vivre depuis si longtemps, je le lui réserve à elle seule. Elle verra bien si elle si supérieure, elle que quelques misérables explosifs suffiraient à réduire à un temps de pierres facile à émietter.

Oh, je me suis perdue dans mes pensées. Des pierres réduites à la poussière je suis passée au sable. Je m'aperçois que je suis en train de contempler le cimetière, à présent un des seuls endroits de la ville éclairé par le soleil couchant. Endroit magnifique réputé pour son apparence lugubre, il m'est à cet instant empli de pureté. Certes sous ces tombes se terrent des corps dont il ne reste pour nombre d'entre eux que des os sales et malodorants, certes les plus récents sont rongés par des bêtes mangeuse de mort mais aussi de vie – incapable de faire la différence entre les deux. Mais de cette colline s'est échappée émane autre chose, quelque chose que je ne parviens pas encore à formuler avec des mots, quelque chose de plus pur, de plus beau pour mes yeux rougeoyants. Quelque chose sur laquelle l'absence ou la présence du soleil n'influe nullement. Quelque chose qui, malgré cela, brille sous mes yeux à cet instant précis. Je sais à présent à quoi je vais consacrer une partie de ma nuit. Je sais aussi à quoi je vais consacrer l'autre partie de ma nuit. Et je saurais peut-être en toute profondeur le sens et les nuances du terme « requiem », un mot qui m'a toujours attirée et fascinée. Chaque requiem auquel j'ai eu l'honneur d'assister durant ma misérable vie a toujours été pour moi un événement unique. Peut-être saurai-je ajouter quelques « parce que » aux « pourquoi » de tout cela.

Il est tard. J'ai eu tout le loisir de respirer l'air glacial du crépuscule et, en tant normal, je serais rentrée chez moi pour jouer un peu puis me reposer. Mais je pense encore au cimetière et les heures qui passent ne suffisent nullement à me faire changer d'avis quant à la nuit que j'ai décidé de passer. A présent les lanternes sont allumées. Là-bas, dans le quartier de Westminster, les lumières sont nombreuses et vives alors que peu n'ont idée de se promener dans ses rues. Alors que de l'autre côté, à Whitechapel, les lanternes se font rares, les rues sombres et les raclures qui y traînent bien nombreuses. Beaucoup peuvent par ailleurs noter le contraste entre le nom du quartier et le quartier lui-même.
Tant que je le peux, je préfère aller de toits en toits plutôt que me risquer dans la rue. Quand je n'ai pas le choix, je descends pour remonter le plus tôt possible, ainsi cela m'évite des rencontres imprévues et peu appréciables. Me voici à présent hors des quartiers insalubres, je peux à présent garder pied à terre. En levant les yeux, la colline s'offre à moi, majestueuse. Mes yeux habitués à l'obscurité voient à peine la silhouette noire des tombes qui se dressent vers le ciel. Je suis allée dans des pays catholiques lorsque j'étais plus jeune et naïve. Les morts étaient enterrés sous d'énormes stèles, si bien que les allées entre elles étaient fort étroites. Les cailloux qui jonchaient le sol faisaient crisser chacun de mes pas, si bien que j'avais l'impression que je dérangeais les morts. Les stèles sont bien jolies, mais comment rajouter un membre de famille avec cet obstacle, certes bien joli, obstruant le passage ? Je suis athée, je suis toutefois plus en accord avec des cimetières comme celui de Londres. Et j'aurai le loisir de le ressentir de nouveau lorsque j'aurai gravi cette colline qui me rappelle de sombres souvenirs.
Non, ce n'est pas leur contenu qui est sombre, mais leur sens. Je me souviens des courses entre les rafales de vent et des bains de fleurs que ma Nizzie m'avait fait connaître. Ces souvenirs sont clairs comme de l'eau mais aussi obscurs comme les ténèbres des larmes. Aujourd'hui encore, je me demande si tout cela est vrai, car ces fleurs, je ne les ai plus jamais vues quand Nizzie est partie. Plus jamais. Elles étaient si belles pourtant, ces fleurs aux milles couleurs et aux milles parfums. Je me souviens quand ma Nizzie courrait à mes côtés en riant de façon discrète, laissant ainsi mon rire s'exprimer plus fort et plus haut. A quoi ressemblerait-t-il aujourd'hui si je le laissais enfin s'exprimer après tant de silence ? Ressemblerait-il encore à un rire d'enfant ? J'en doute. Je pense que mon rire représenterait la couleur de mon âme. Il serait sombre, peut-être terrifiant pour les tout petits, et résonnerait comme une malédiction. Ce serait un rire plutôt singulier alors.
Malgré la veste chaude que je porte, les collants noirs que j'ai rajoutés à ma robe au jupon court pour une femme – il ne va guerre plus bas que mes genoux – et la laine que j'ai déposée sur mes épaules, je sens à tel point le vent est froid. Et c'est peut-être ce froid qui me ralentit, c'est peut-être aussi ce froid qui me permet de gravir la colline sans pour autant être fatiguée. D'autre part elle est moins abrupte que la colline de Niiza et je suis habituée à faire travailler mes jambes à présent. J'arrive devant le grand portail métallique. L'homme qui entretient le cimetière fait bien son travail : lorsque je pousse le portail, aucun grincement ne retentit. Je le referme derrière moi sans faire le moindre bruit, et je peux à présent contempler les croix qui se dressent les unes à côté des autres. Ce cimetière est l'un des plus beaux d'Europe, et quiconque vient le visiter peut comprendre pourquoi s'il s'ouvre un tant soit peu à lui.
Ce cimetière, je n'y vais pas bien souvent. Pour dire la vérité, je n'y suis allée que deux fois.
La première lorsque je cherchais désespérément Niiza, alors que je savais déjà que la Reine l'avait emmenée. J'espérais qu'elle l'avait proprement tuée et enterré dignement avec tous les Londoniens. Je n'ai hélas jamais trouvé son nom sur aucune des pierres. Et les pierres sans nom étaient bien trop âgées pour être d'elle, mais peut-être me trompais-je. Ce jour-là, j'ai espéré de tout cœur qu'elle ne soit pas enterrée dans ce coin à raclure. De toute façon, j'ignore même ce que l'on fait des Vampires une fois qu'ils meurent, mais il m'étonnerait qu'on prenne soin de les enterrer. Non, je pense plutôt qu'on se contente de les brûler tels des déchets et de se débarrasser de leurs cendres. Pourtant je restais sourde à cette idée à l'époque, et je consacrais toutes mes pensées à espérer que Niizie ne soit pas vraiment partie. Je consacrais toutes mes pensées à souffrir pour elle, pour la faire vivre à travers ma vive douleur. Aujourd'hui, je me dis que j'étais idiote. Mais je sais que si je traverse à nouveau pareil événement, je ne serai pas plus forte que je l'ai été dans le passé. Dès que quelque chose de mauvais m'arrive, je deviens faible et misérable à l'image de ce que j'ai toujours été au fond de moi. Je n'étais pas idiote, je le suis.
La seconde fois que je suis allée au cimetière, je traversais une période de doutes intenses. La haine grandissait en moi tandis que je me découvrais le pouvoir d'espionner la Reine à ma façon, et je tentais de me raccrocher à la seule chose qui me permettait de voir encore le nord, car je me sentais réellement perdue. Et quand j'ai découvert que j'avais oublié jusqu'à l'existence d'un père, j'ai paniqué. La première chose que j'ai faite a été d'aller au cimetière pour voir s'il avait un jour au moins existé, et je n'ai nulle part trouvé son nom. Je pense que le seul couple Van De Castele que j'aie trouvé soient mes grands-parents, car cela fait déjà longtemps qu'ils sont morts, mon grand-mère est même mort avant ma naissance, et je n'ai jamais connu autre membre de ma famille que mes parents. Et aujourd'hui, je ne connais que ma mère. Puis, quand je suis sortie du cimetière pour la seconde fois, je suis parvenue à réfléchir. J'ai fait des recherches, ai posé des questions à quiconque était susceptible de connaître mon père, mais jamais on ne m'en a parlé. Je sais pourtant qu'il a existé, puisque je sais que ma mère n'était pas veuve, que ma mère n'était pas la chef de la famille. Il y avait un mari, un père. Mais c'est le seul raisonnement qui me le dit. Et lorsque j'oublierai ma mère, lorsque j'oublierai ma vie de famille, alors je n'aurai que le nom comme lien avec les Van De Castele.

Une voix brise soudain le cours de mes pensées. Une voix jeune d'un homme déjà vieilli par les événements. Ses paroles sonnent comme un sentence contre le père qui ne vient même plus se recueillir sur la tombe d'un membre de sa famille mort prématurément. Une mère, peut-être. Ou alors un fils. Je dois avoir affaire à un autre fils peut-être encore en deuil et sans doute peu joyeux. Les gens à Londres ne sont pas très joyeux en ces temps peu glorieux. La Reine en inquiète plus d'un et la nouvelle police semble rôder comme une menace. A présent, je réfléchis à ce que je souhaiterais faire. M'éclipser et faire comme si je n'avais rien entendu ne me plaît pas. J'étais venu ici pour me détendre, et ce n'est pas un inconnu malheureux qui m'en empêchera. Le problème est qu'en cette présence, je ne pourrai me détendre. Qui est cet homme ? Et quelle sera sa réaction lorsqu'il me verra, silhouette obscure dans la nuit, déambuler entre les tombes ? En tout cas, cela ne m'aidera pas à goûter aux tombes, au contraire. Il me semble en réalité que ce plaisir me soit hélas exclu pour ce soir. Mais ce cimetière n'est pas privé. Tout le monde peut y aller, et si une présence dérange, et bien tant pis. Tant qu'elle n'a rien fait de mal, on ne peut la blâmer. Ce cimetière est publique et je ne vois pas pourquoi je serais la seule à en pâtir. Tout en avançant silencieusement vers la silhouette, je lève légèrement une manche pour laisser sortir les perles et les deux grelots silencieux de mon bracelet. En passant mon poignet sur la tombe la plus proche, le bruit des grosses perles contre la pierre produit un bruit qui aurait été discret en temps normal. Mais dans un endroit silencieux tel que celui-ci, le bruit est indiscret et dérangeant. L'inconnu réagit immédiatement, et je le vois se tourner brusquement dans ma direction. J'imagine parfaitement la colère qu'il doit ressentir. Quel est donc cet intrus qui ose le déranger dans une situation comme celle-ci ? Je retire ma main et laisse retomber ma manche en secouant légèrement le bras et je m'avance vers lui. La lune est là, bien présente, dans le dos de l'inconnu, si bien que je ne vois pas bien son visage. Sa silhouette est bien sûre celle d'un homme grand et fort qui pourrait me briser la nuque en un instant, et ce serait bien dommage qu'il le fasse ici et maintenant. Mais je sais qu'ici les meurtres se font rares comparé à toute la vermine qu'on retrouve assassinée au petit matin dans les rues insalubres. Et je sais surtout que cet homme, malgré toute sa colère, ne compte pas me tuer, du moins pas encore. Un rapide coup d'œil au lendemain me montre que je serai encore en vie et en pleine forme.

« Je vous prie fort de m'excuser monseigneur, j'ignorais que je dérangerais quelqu'un à cette heure tardive. »

J'esquisse un léger sourire d'excuse pour appuyer mes paroles. Deux pas plus tard, la tombe me dévoile son nom.

Ci gît Lou Uriel ( 1874- 1884)


De part les dates, je conclue que le décédé doit être le frère de l'homme inconnu qui me toise encore de son regard que j'imagine perçant. Le pauvre enfant est mort à dix ans à peine. Son frère ne devait pas être beaucoup plus âgé si je me fie à sa voix d'aujourd'hui. Je suis un peu prise de peine pour ces deux frères, me disant qu'à dix ans mourir était une de mes dernières volontés. Aujourd'hui cependant, l'idée de mourir si tôt ne me déplaisait pas plus que cela : je n'aurais au moins pas connu ce passé miséricordieux.
Avant de laisser le temps au jeune homme de croire que je commence déjà à l'ignorer, je me retourne vers lui et, de ma politesse naturelle, je reprends la parole.

« Serait-ce trop vous demander en cette sombre soirée que de m'offrir votre nom ? A moins que vous préfériez que je me retire sur-le-champ ? »

Peut-être après tout que converser un peu de quelque chose de plus simple et moins sombre que la mort de son frère lui fera-t-il un peu de bien ? A moins que l'éclat de mes iris sous les rayons de la lune l'incite à penser tout autre chose de ma présence ?
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Pearl N. Uriel

Pearl N. Uriel


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MessageSujet: Re: In the silence of the night... (Elena)   In the silence of the night... (Elena) Icon_minitimeDim 10 Jan - 21:22

Avec étonnement et colère ses yeux dardèrent de son regard perçant la silhouette qui se profilait à travers les ténèbres, cependant, il ne put s’empêcher de ressentir une pointe de soulagement, lorsqu’il se rendit compte que l’intrus n’était qu’une jeune fille. Un instant, malgré lui, il avait sentit la peur battre en ses entrailles, crainte infondée de rencontrer, il ne savait pas vraiment quoi, son père, l’homme muet, ou pire, l’esprit de son frère.
Mais cela c’était impossible.

Avec un rictus douloureux, il glissa rapidement la main dans sa chemise, et en sortit le crucifix de son frère, qu’il gardait toujours à son cou, avant de le serrer avec violence, tandis que le métal glacé s’enfonçait dans sa peau. Cependant, malgré l’éducation religieuse qui lui avait apporté ses parents, il n’avait jamais crut en Dieu. Tout cela n’était que chimères, pure invention humaine. Tout comme la vie éternelle. Prétexte inventé par l’homme afin de se rassurer face à sa plus grande crainte, la mort. Il avait beau s’adresser à l’esprit de son frère dans ses moments de désespoir, il savait pertinemment que celui-ci avait disparu à jamais, happé par le néant. Il n’y avait plus de chance de rédemption pour lui. Personne ne reviendrait lui pardonner. De toute façon, comment aurait-il pu le mériter ? Il n’avait qu’une solution, se renfermer sur lui-même, vivre malgré tout, porter le poids de ses fautes, dans ce cœur vide, sans espoir, ce cœur qui bat malgré tout, car malgré tout, choisie ou obligée, la solitude ça faisait mal, cette impression d’être différent, seul contre le monde, contre les Autres, prison dorée à l’intérieur de laquelle il se verrouillait lui-même, sans savoir qu’il en possédait la clef. Oui, il lui faudrait encore du temps pour panser ses blessures. Pour comprendre que lui aussi avait le droit… de vivre.

Rapidement ses yeux détaillèrent l’inconnue, peu importe ce que cette gamine peu venir faire dans un cimetière à cette heure de la nuit, cependant il ne put s’empêcher de ressentir une pointe d’étonnement face à l’air sérieux de la demoiselle. Etrange jeune fille si différente d’autres qu’il a eut l’occasion de croiser, lorsqu’il s’immisçait parfois dans la foule, afin d’observer la vie battante, la vie dont il se tient si souvent à l’écart, mais qu’il aime capturer à travers les mots, la vie des autres, pas la sienne. Lui ça fait bien trop longtemps qu’il a cessé d’exister. Les filles, il les méprise le plus souvent, leurs joues trop fardées, leurs minauderies alors qu’elles tentent d’aborder la conversation, leurs rubans, leurs bijoux, leurs décolletés, tout cela le dégoûte souvent, tant d’artificialité qu’il ne peut supporter. Et pourtant, malgré le fait que la plupart des demoiselles ayant tenté de l’approcher ait été froidement repoussées par le jeune homme, certaines avait pourtant réussi à mettre un pied au delà de la limite que le jeune homme fixait entre lui et les autres, des amantes d’une nuit, auxquelles il avait ouvert ses bras dans un instant où la solitude se faisait trop forte, où la douleur se noie dans le corps de l’autre, jouissance éphémère, bien trop éphémère, alors qu’au matin, ou après quelque rencontre, car la lassitude s’installe vite, de nouveau dégoûté, il renvoyait la jeune fille, ou l’amant, selon les occasions, sans se soucier des cris, des paroles perfides, des plaintes, ou des menaces. Des caprices qu’il se permettait. Non, Pearl n’était pas cruel. Non, il ne savait simplement pas aimer. Ou ne se le permettait pas.

-Je vous prie fort de m'excuser monseigneur, j'ignorais que je dérangerais quelqu'un à cette heure tardive.

Son regard toujours posé sur la jeune fille, il ne put s’empêcher d’écarquiller les yeux face au ton si sérieux de la demoiselle. Malgré ses allures d’enfant, le ton de sa voix était étrangement sérieux. Trop sérieux même. Il rictus tordit ses lèvres pâles avant que celui-ci ne réponde.

-Tu n’as pas besoin d’adopter un ton si pompeux. Puis ajouta avec dédain, après avoir marqué une courte pause. Il n’y a personne à impressionner ici.

Monseigneur… c’était si ridicule qu’il eut soudain envie d’en rire. Il avait toujours détesté la Cour où sa mère le trainait autrefois, les fêtes en grande pompe, les salutations qu’il fallait prodiguer, tant d’artificialité nauséeuse, qu’il ne pouvait supporter. Il se rappelait les sarcasmes, les sourires de Lou, la douleur de sa mère, tant de choses qu’il avait tenté d’oublier, cela faisait si longtemps que cet univers là était sorti de sa vie. Il n’avait rien d’un grand seigneur. Juste un demi-noble désargenté. Et puis il y avait eu la reine. Il se souvenait encore des rares apparitions de cette femme, si entourée, si admirée, se pavanant dans ses parures luxueuses, souriante, mystérieuse, inaccessible. Exécrable. Elle était le centre de toute cette débauche et de cette hypocrisie. Malgré le fait qu’il ne l’avait plus revue depuis des années, sa haine envers elle restait inchangée. Sa haine qui restait son seul point d’ancrage en ce monde. Lou et sa mère étaient morts. Il ne savait ce qu’était devenu son père. Mais la reine elle, était encore là, trônant dans son monde de luxure inaccessible.

De nouveau une lueur de colère s’alluma dans son regard, lorsqu’il vit l’inconnue s’avancer et jeter un regard sur la tombe de son frère. Pour qui se prenait-elle pour se permettre d’empiéter sur sa solitude ? Et que faisait-elle là au juste ? L’avait t’elle suivie ? Un instant, la peur l’envahit à cette idée. Discrète comme elle était, il aurait put ne pas la remarquer durant son trajet, surtout que ses vêtements sombres lui permettaient facilement de se fondre dans l’obscurité. Debout et immobile, il fixa son dos en silence, s’apprêtant à la questionner, quand celle-ci se retourna. Et c’est alors qu’il les remarqua.
Ses yeux.
Des yeux rouges qui brillaient à travers l’obscurité.
Des yeux rouges comme le sang.

-Serait-ce trop vous demander en cette sombre soirée que de m'offrir votre nom ? A moins que vous préfériez que je me retire sur-le-champ ?

Les yeux écarquillés, il tenta de prononcer quelque chose mais pas un son ne sortit de ses lèves mi entrouvertes, alors que fasciné et terrifié il fixe les yeux de la jeune fille. Rouges. Rouges.
Des yeux qui n’ont rien d’humain.
Fascination morbide qui l’attire soudain vers elle, comme un papillon vers la lumière. Elle ne semble cependant pas dangereuse, s’il en juge par sa frêle carrure. Désir fébrile et soudain de mieux la connaître, de soulever ce voile de politesse froide dont elle se recouvre, de contempler encore un peu ce regard. Se rendant soudain compte que l’inconnue attendait une réponse, ayant retrouvé ses esprits, il murmura froidement.

-Pearl. Et toi ? Puis je te demander ce que tu fais là ?

Tant pis pour la politesse, il refusait de lui rendre son vouvoiement, même si sa voix c’était tout de même faite plus douce à la fin de cette dernière réplique. A présent il n’avait plus qu’une envie. Qu’elle reste.
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