| | Elena ~ Black and red flower | |
| | Auteur | Message |
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Elena E. Van de Castele
† Date d'inscription : 16/02/2009 † NBR MSG : 17
| Sujet: Elena ~ Black and red flower Mer 8 Juil - 20:24 | |
| QUAND LES OMBRES SONT PEUT A PEU ORNEES DU HALO DORE DES RAYONS DU SOLEILChantera l'immortelle Pleurera l'éternelle Rêvera l'irréelle Volera l'hirondelle - Nationalité : Anglaise
•} Et oui, la jeune fille est anglaise comme l'est sa famille sur de nombreuses générations, et ce malgré son nom qui a visiblement bien voyagé en Europe.
- Famille :
- Van de Castele, Père
•} Mais quel est donc son nom ? Impossible de s’en souvenir ! Et personne ne veut en parler dans la ville… Qu’a-t-il donc fait pour être oublié à ce point ? On se le demande… De part ses souvenirs liés à sa vie d’avant, Elena sait que c’était le chef d’une famille bourgeoise aisée, mais quant à savoir son activité, sa mentalité ou son nom… C’est le vide total.
- Van de Castele, Mère
•} Elena a tellement plus de choses à dire sur elle. C’est sans doute d’elle qu’elle a hérité ses longs cheveux noirs comme l’encre, bien qu'ils eussent des reflets plus clairs à la lumière. Ses yeux ? Nullement rouges, et heureusement. Ils étaient d’un doux brun et abordaient un regard toujours doux et affectueux, quoique parfois un peu tourmentés quand la petite fille avait un petit quelque chose qui n’allait pas… Elle sortait quelquefois rendre visite à une amie, mais jamais bien souvent. Douce et pleine d'amour, elle s'occupait de sa fille avec une rare attention durant ses premières années mais elle n'était nullement trop présente et prenante. Elle avait aussi une particularité qui aurait pu en surprendre quelques uns : elle tutoyait son enfant, preuve d'une relation intime entre les deux, même si la fillette la vouvoyait comme tout autre, avec cependant l'amour qu'elle portait à sa mère. Elena pense que sa mère avait un rapport avec la venue de sa dernière gouvernante. Car, depuis cette nouvelle venue, elle s'est un peu écartée de son enfant pour laisser la gouvernante s'occuper d'elle. Elle s'est mise à aller voir des amies un peu plus souvent, mais gardait toutefois l'habitude de lui souhaiter que chaque nuit fût bonne et écoutait non sans enthousiasme ce que sa fille avait fait de sa journée. Son nom ? Alys.
- Van de Castele, autres ?
•} Non, pas d’autres membres de famille. Etrangement, les Van de Castele n’ont pas voulu faire d’autre enfant après Elena, et celle-ci est persuadée que son existence en est la cause. Son père aurait-il refusé la venue d’un autre enfant de peur qu’il soit aussi maudit que sa première fille ? En tout, Elena est fille unique (une des raisons de sa solitude) et n’a jamais connu d’oncles, de tantes, de grands-parents… Visiblement, sa famille était bien fermée.
- Gouvernantes
•} Elena en a connu deux. La première était banale et distante, se comportant comme une simple domestique de bas rang. Peu bavarde, elle remplissait seulement le strict minimum de son travail. C’était la mère qui occupait l’enfant les quelques fois où celle-ci ne s’isolait pas. Sinon, elle préférait la laisser tranquille et continuer son ménage comme toute bonne qui se respecte… ou pas. Elle a fini morte après une mauvaise chute dans l’étroit escalier lors des cinq ans de la demoiselle qui ne fut pas le moins du monde choquée par ce bruit de chute qu’elle a entendu à travers la porte de sa chambre. Elle n’a pas eu la curiosité d’aller voir, et cela lui a sans doute été bénéfique. Elle a par ailleurs oublié le nom ou le visage de cette gouvernante dont elle n’accorde pas beaucoup d'importance.
La première domestique morte, il a bien fallu en choisir une autre… Qui est venue d’elle-même demander son emploi. Elena ne se souvient guère de la première fois où elle l’a vue, à part cette impression que cette personne ne serait pas comme son ancienne domestique. Evidemment, jamais ne lui était venue à l’idée que la gouvernante qui s’occuperait dès lors d’elle serait… un vampire. Et pourtant, par un heureux hasard, ce fut bien un vampire qui s’occupa d’elle. Mieux, elle lui offrit l’instruction après lui avoir fait jurer de n’en parler à personne excepté sa mère. Et, chance des chances, l’amour. C’était Niiza Nostras, qu’elle surnomme encore aujourd’hui Niizie, un vampire d’influence qui cachait bien son jeu…
•} Aujourd’hui, plus aucune personne qui comptait un tant soi peu pour Elena n’est en vie. La Reine les lui a arrachées, souvent dans son dos, une fois tout près d’elle. Seule une personne a échappé à la Reine, et c’est Elena elle-même qui s’est occupée de la faire supprimer. C’était une vampire d’origine russe qui était prête à l’aimer comme l’avait aimée Niiza. Non, ce n’est pas la chance qui a permis à Elena de faire la connaissance de quelques vampires sans se faire mordre, c’était seulement l’influence de sa Niizie qui était bien plus qu’une simple gouvernante. A présent, plus d’influence, plus de lien avec les vampires, à part peut-être la petite maison qu’avait la chance d’habiter Niiza juste à l’entrée du ghetto de Londres.
Dernière édition par Elena E. Van de Castele le Lun 13 Juil - 18:13, édité 7 fois | |
| | | Elena E. Van de Castele
† Date d'inscription : 16/02/2009 † NBR MSG : 17
| Sujet: Re: Elena ~ Black and red flower Mer 8 Juil - 20:32 | |
| - Histoire :
•} Une jeune fille frêle errait dans les rues de Londres, marchant d'une façon telle qu'on croyait qu'elle allait à l'instant qui suivait s'éteindre sur le sol comme la flamme d'une bougie sous le vent. Il était sombre et personne n'osait sortir dans les rues à cette heure-ci, à part pour raser les plus larges et les plus éclairées. Mais une jeune femme de vingt ans tout au plus, emmitouflée dans des tissus, qui traversait les rues d'un pas pressé et tendu, aperçut enfin ce corps fragile qui tenait à peine debout. Elle s'en approcha et la première chose qu'elle remarqua fut cette lueur rougeâtre dans les yeux de la petite quand celle-ci leva un regard brisé vers elle. La jeune femme se figea soudain, à deux mètres à peine de la demoiselle. Elle remarqua alors que sa chemise dévoilait une épaule maigre et que sa jupe froissée laissait filtrer quelques gouttes qui éclatait sur les pavés de façon inquiétante. « Oh mon Dieu ! » Elle déposa une main affolée sur l'épaule de la jeune inconnue et, n'osant pas formuler une seule phrase qui détruirait un peu plus cette âme tourmentée, la tourna d'un pi avant de la guider doucement dans les rues. La petite se laissa faire docilement, les yeux semi-absents et rougis par la fatigue et la douleur. Elle fut amenée devant le cabinet d'un médecin qui, après de violent coups frappés sur sa porte, ouvrit une fenêtre au premier étage pour crier d'une voix furieuse : « Non mais avez-vous une idée de l'heure qu'il est ? Allez-vous-en, misérables pauvresses ! -Monsieur, répondit la jeune femme, je suis ici pour une urgence. La jeune fille ici-bas a besoin de soins urgents. Je vous en supplie pour elle, descendez. » Le silence n'eut le temps de s'installer, la fenêtre se fermait déjà en claquant, une lumière vacillante émergeait alors de la vitre puis s'estompait lentement. Plus tard, la porte s'ouvrait et présentait un homme en robe de chambre tenant une bougie dans sa main droite. Lorsqu'il entendit un clapotis isolé et aperçut l'état épouvantable de la fillette, il comprit. Alors il tendit la main et poussa doucement la petite vers l'intérieur.
Deux heures plus tard, on avait nettoyé la petite inconnue, lui avait enfilé une chemise de nuit et allongée dans un lit. Le médecin l'avait étudiée sans pour autant violer l'intimité de son corps, mais suffisamment quant même pour supposer qu'elle devait avoir autour de douze ans et qu’elle était peut-être apte à tomber enceinte… Il faudrait le lui demander pour en être sûr, mais la petite fixait la fenêtre de yeux absents et malheureux et ignorait tout le reste. Elle était sans doute en état de choc… Une demi-heure s’était écoulé, et la jeune demoiselle ne fermait toujours pas les yeux. Le médecin tenta en vain d’attirer son attention, alors il s’imposa entre elle et la fenêtre. « Mademoiselle ? » l’appela-t-il pour la énième fois. Son yeux bougèrent enfin. Ils se fixèrent timidement sur l’homme qui l’observait avec inquiétude. « Mademoiselle ? Comment allez-vous à présent ? » Elle était si détruite dans son regard, si profondément encrée dans les ténèbres de son silencieux tourment. Si elle ne disait pas mot avant le lendemain matin, le médecin serait obligé de l’amener dans un orphelinat avant que l’on réclame une disparition d’enfant. Mais cette initiative ne lui plaisait guère, et il espérait que la petite le renseignerait sur son identité avant le lever du soleil. Par conséquent, cette attention était un bon signe… Mais ce n’était pas assez. Car elle ne répondait pas. Elle le fixait sans ciller de ses yeux étrangement rouge sang comme ces dégénérés de vampires. Elle le fixait sans un mot, sans le moindre message sur son visage à part cette même et profonde tristesse. Il allait refaire un essai quand elle serra soudain les paupières et, d’un geste dément, monta ses mains au niveau de sa tête en se tournant sur le côté. Alors elle hurla sans ménagement.
Il n’avait pas eu le choix… Elle était en pleine crise de démence, il avait fallu l’endormir… Il s’était assis sur une chaise sans quitter la chambre et se tenait lui aussi la tête dans les mains mais de façon pensive et inquiète. Yeux écarlates, affreuses cicatrices blanchâtres sur les poignets, démence… Elle devait être possédée par un démon. Elle allait mieux physiquement, ses petites blessures autres que celle de son intimité sans doute encore vive guériraient vite et la plupart ne laisseraient pas de cicatrices.
Le soleil se levait lorsqu'elle émergea de son sommeil artificiel. Le médecin avait quelque peu somnolé sur sa chaise n'en avait pas bougé afin de veiller sur cette fillette. Il ne pouvait se permettre de la perdre de vue. Elle était fragile, en état de choc, avait besoin de soins... et allait peut-être encore dans une crise de démence. En la voyant ouvrir les yeux, il se leva de sa chaise et, à nouveau, l'interpella. Elle le fixa d'un regard nouveau. Un regard qui semblait avoir retrouvé sa lucidité. Dans un espoir, le médecin lui adressa de nouveau la parole : « Dites-moi comment vous vous sentez à présent. » La jeune fille dévia les yeux vers la fenêtre et, d'une voix encore affaiblie : « J'ai mal. »
« Comment vous appelez-vous ? -Je n'ai plus de nom. » L'homme jeta un coup d’œil interrogateur au médecin qui se contenta de hausser les épaules, lui montrant ainsi qu'il n'en savait pas plus que lui. L'homme redirigea son regard vers la fillette et reprit la parole. « Parlez-moi de vous. Quel âge avez-vous ? Qui sont vos parents ? -Cela n'a pas d'importance. » L'homme eut un bref mouvement de sourcils, passant de l'étonnement à l'agacement. Il tenta toutefois : « Vivez-vous au moins avez vos parents ? » Une façon dérivée de lui demander si elle était orpheline ou pas. « Nous sommes en enfer. Mais point le même. » Nouvelle surprise. Quelles étaient donc ces paroles en désaccord avec celle attendue ? Si elle ne parlait pas de ses parents, cela n'aurait plus le moindre lien. Il n'était d'ailleurs pas sûr qu'elle parlât réellement d'eux, son langage était trop évasif. De plus, le fait qu'elle nommât l'enfer coïncidait avec la couleur de ses iris. Cette couleur n'effrayait guère l'homme mais le rendait méfiant. Et si cette petite était possédée ? Peut-être le médecin aurait-il dû l'amener l'exorciser ? Il existait sans doute des gens pour cela... Après un silence, l'homme reprit la parole, s'adressant cette fois au docteur : « C'est bon, nous allons la garder. »
L’adolescente aux yeux rouges n’avait pratiquement pas ouvert la bouche depuis son arrivée une semaine plus tôt. On ne connaissait toujours pas son nom et elle refusait qu’on lui en donne un. Les autres orphelins avait donc commencé par la nommer « La nouvelle aux yeux rouges ». Mais, se voyant superbement ignorés, ils la surnommèrent « La Diablesse aveugle », vexés, et certains faisaient même semblant d’avoir affaire à une aveugle tant l’absence d’attention que leur portait la jeune fille était profonde. Mais ce surnom était surtout dû à la nouvelle crise de démence qui avait pris cette fillette dans sa propre chambre. Elle s’y était enfermée et on l’avait entendue hurler à plein poumons. Lorsqu’on avait défoncé la porte, elle était allongée par terre dans la position fœtus, les yeux crispés, les jambes serrées. Elle s’était montrée étonnement rigide lorsque les adultes avaient voulu la soulever. Une fois installée tant bien que mal sur son lit, elle ne s’était pas détendue. Près de la porte s’agglutinaient une masse d’orphelins qui la regardaient. Une rumeur la secouait déjà à propos de cette fille qui pouvait peut-être bien être possédée… Elle ne mangeait que le strict minimum, si bien qu’elle avait perdu beaucoup de poids. Lorsqu’on lui répétait les questions quant à son identité, elle répondait de façon évasive. Et lorsqu’on lui disait qu’il fallait quand même qu’on mette un nom sur son nouveau dossier, elle refusait. « Non, disait-elle, c’est fini, je n’ai plus de nom. »
Le huitième jour, on ne la trouva plus. Sa fenêtre ouverte et les draps accrochés dehors descendant jusqu’au pied du bâtiment montraient bien clairement qu’elle s’était enfuie. On la chercha d’abord dans tout l’orphelinat. Les grilles étaient hautes et terminées de pointes, et l’adolescente maigre et frêle. Elle n’avait pas pu passer, pensait-on. Mais on ne la trouva pas. Car elle avait bel et bien réussi à s’enfuir.
***
Elle s’installait au sommet de sa colline. Celle au sommet de laquelle elle avait vu un merveilleux champ de fleurs qui n’était que souvenir maintenant que sa Niizie était partie. Elle se souvenait parfaitement de ce jour où elle avait gravi la colline avec difficulté sur ses petites jambes sous le regard affectueux de Niiza. Une ascension difficile mais qui n’avait pas été vaine, car ce qui avait attendu l’enfant avait dépassé de loin toutes ses espérances. Des fleurs, des fleurs, des fleurs. Des couleurs, des parfums qui l’avaient attendue de l’autre côté, juste au pied de la colline. Qu’il était loin ce temps où le moindre papillon soulevait dans son cœur un vif intérêt mêlé de fascination. A présent, l’adolescente noire qu’elle était les attrapait d’un geste vif qu’on ne lui devinait pas et les écrasait sans ménagement dans son poing, l’ouvrant ensuite pour observer les débris s’envoler dans le vent, quelques uns restant collés à sa paume qu’elle essuyait alors avec un brin d’herbe. Les papillons revenaient toujours autour de la colline, inconscients du danger pourtant séducteur qui y rôdait. Ils voletaient près des jambes de la demoiselle immobile qui les fixait d’un regard sombre. Ses lèvres ensuite s’étiraient en un sourire inquiétant. Et elle murmurait des mots aussitôt cueillis par la brise. « Bonjour, Niizie. »
Depuis qu’elle avait enfin quitté cet austère endroit où l’enfer riait sans jamais cesser, elle avait arrêté de hurler. Ses crises durant lesquelles elle se tenait la tête tant ce qui lui traversait était affreux avaient perdu de leur vif éclat, ne gardant qu’une acide amertume à laquelle elle allait s’accoutumer peu à peu. Ce n’était pas pour autant qu’elle n’était plus démente, mais elle avait simplement posé une main sur sa démence afin de limiter ses effets trop vifs. Elle savait que Niiza était là, tout près d’elle, qu’elle la contemplait avec les yeux peints sur les ailes des papillons. Elle le savait, et cela lui faisait un grand bien… tout en l’encourageant à tuer un à un tous ces merveilleux petits insectes qui marquaient sa route d’un battement d’ailes. Alors quand elle souhaitait voir ce qu’allait faire la Reine dans un proche avenir, elle appelait d’abord sa Niizie. Ensuite seulement elle réfléchissait ce qu’elle voulait voir de la Reine. Les premières fois, elle était restée vague, très vague… Puis, plus elle en avait appris sur les habitudes de la Reine, plus elle était précise dans ses souhaits. La Reine semblait avoir un petit emploi du temps… du moins, c’était souvent à la même période de la journée qu’elle ouvrait un grimoire de magie noire pour en apprendre toujours plus sur la magie noire de la sorcellerie que l’adolescente avait découvert tout récemment grâce à ce qu’elle voyait. Qu’il était bon de s’instruire avec une telle facilité… Qu’il était bon de savoir ce que la Reine ferait quelques heures ou quelques jours plus tard, quelle nouvelle formule elle apprendrait. Certes, l’adolescente n’y comprenait pas grand chose. Mais une chose la confortait : la Reine était bien plus déchue qu’elle. Toujours ce regard mélancolique, même envers ses filles. L’adolescente avait observé un peu la famille en général. Et elle avait méprisé la princesse Helena dès la première fois où elle avait aperçu son visage. Elle aussi connaissait la magie noire, tout comme ses sœurs… Toutes les princesses de cette familles étaient aussi déchues que leur mère, mais c’était Helena que la demoiselle haïssait le plus. Si elle en était capable, elle ferait subir mille tortures à cette princesse sous les yeux de la Reine. Si elle en était capable, elle briserait cette famille déjà étouffée par la noirceur.
Mais la demoiselle perdait peu à peu la notion du temps. Elle passait ses jours à jouer du piano, se jucher sur sa colline hors de la ville, escalader la cathédrale pour observer la capitale, son fleuve, son Big Ben, ou la famille royale. Elle perdait la notion du temps… et du passé. Sans s’en rendre compte au début, son passé devint doucement plus vague, strié de vides et de noirs. Elle ne le réalisa que lorsqu’elle se rendit compte que tout souvenir lié à son père avait disparu. Avait-elle au moins eu un père ? Sans doute, puisqu’elle avait vécu dans un quartier aisé, dans une belle maison quoiqu’un peu petite. Elle avait prié pour oublier ses tourments, elle suppliait maintenant Niiza de rester auprès d’elle et de protéger ses souvenirs. Il était hors de question d’oublier sa mère, sa Niizie et tous les bonheurs qu’elle avait vécus. Malgré sa nature affreuse et son crime de l’existence, elle ne voulait pas oublier qui elle était. Elena. Avec une lettre en moins. Avec du passé en moins. Avec une vie en plus.
Pour connaître l’évolution de la jeune fille, de l’aube à l’oubli, suivre le cheminement du soleil.
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| | | Elena E. Van de Castele
† Date d'inscription : 16/02/2009 † NBR MSG : 17
| Sujet: Re: Elena ~ Black and red flower Mer 8 Juil - 20:35 | |
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Dernière édition par Elena E. Van de Castele le Lun 13 Juil - 1:00, édité 1 fois | |
| | | Elena E. Van de Castele
† Date d'inscription : 16/02/2009 † NBR MSG : 17
| Sujet: Re: Elena ~ Black and red flower Mer 8 Juil - 20:37 | |
| Ah, mais tout ne se résume pas au masque. Le monde est un grand bal où tout le monde est masqué, et celui d'Elena est particulièrement plaisant à regarder, mais que ce cache-t-il derrière ce si joli masque ? Il suffit de fixer ses yeux un peu trop longtemps pour y déceler une légère froideur que toute la douceur et la courtoisie du monde ne saurait effacer. Elena salue, Elena sourit, mais Elena reste encore distante et a développé une froideur au fil de ses épreuves. Comment cela aurait-il pu en être autrement ? Soit elle devenait froide, soit elle devenait violente comme les dégénérés qu'elle a risqué maintes fois de rejoindre. Elle a choisi la froideur, moins agressive que les grossièretés et les coups de couteaux. D'abord poussée à l'extrême, la jeune fille qu'elle était à l'époque ignorait tout bonnement les sourires et gardait sur le visage une expression triste et suspicieuse. Puis elle a appris à renouer peu à peu avec certaines autres personnes plus matures qu'elle et à sourire de nouveau, mais jamais elle ne rie. Et toujours elle garde cette distance entre elle et toute autre personne, distance manifesté par une politesse hypocrite extrêmement poussée et encore cette froideur dans son regard. Aujourd'hui encore, si on cherche à trop s'approcher d'elle, elle dévoilera quelque peu sa froideur pour faire comprendre à l'intéressé que leur relation ne dépassera pas l'étape « camarade ». Et encore, ayant vécu enfermée ces temps-ci, elle n'a plus de camarade, ayant mis de côté ceux des années précédentes. Et si elle croise une connaissance du passé, elle choisit presque toujours de disparaître. En effet, ayant appris l'art subtil du vol et de la discrétion, elle a développé une capacité à se fondre dans la foule et à disparaître notamment pour ceux qui la cherchent des yeux. Et elle y parvient même lorsqu'elle laisse ses yeux dévoilés, car elle a vite remarqué que les gens qui se pressent n'ont pas souvent l'habitude de croiser le regard de quiconque se trouve dans les parages. La demoiselle a donc toute une collection d'objets volés qu'elle entrepose dans la modeste maison aux limites du ghetto devenue sienne par le destin, et est suffisamment douée pour manger à sa faim. La jeune fille a donc pris plaisir à changer d'apparence, s'habillant un jour comme un Londonien moyen, l'autre comme une noble, allant donc de part et d'autre de son ancien statut, à savoir fille de bourgeois. Cela lui permet de côtoyer toute sorte de gens, sans pour autant tisser des liens. Pourquoi donc s'amuse-t-elle à cela ? Au départ, c'était uniquement parce qu'elle tenait à porter de temps à autre ses belles robes qui seraient sinon restées utiles à nourrir la poussière. Par la suite, elle a découvert que cela lui permettait de pénétrer dans de très chics boutiques afin de s'acheter un ou deux présents avec des économies volées. Elle n'a que très rarement réussi à voler quelque chose dans ce genre de boutique car les articles y sont bien mieux protégés et surveillés. Elle n'a dû dérober qu'un ou deux objets tout au plus.
Elena n'a cependant pas développé de quelconque sentiment de supériorité ou autre avec sa froideur malgré un sentiment de différence, sentiment né quelques jours après la souffrance extrême où elle s'est aperçue qu'elle se mettait à parler de façon tellement imagée qu'on ne la comprenait pas. En effet, lorsqu'elle est plongée trop profondément dans ses pensées souvent nuancées d'une immense tristesse, elle peut se mettre à parler d'un langage nouveau empli d'images et de métaphores sans vraiment s'en rendre sur le moment. Cela accompagne-t-il son talent acquis pour le piano au fil de longues années d'exercice ? A force d'exercices, la jeune fille a appris à jouer du piano d'abord de façon simplement correcte puis en développant de plus en plus l'adresse de ses doigts, surtout au fil de ces derniers mois qu'elle a passés très seule et quelque peu enfermée dans la musique ou la contemplation de paysages que beaucoup dénigrent, comme un coucher de soleil par exemple, ou une pleine lune particulièrement belle à cause de nuages pâles qui encadrent la sphère nacrée. Elle se demande pourquoi les gens ne prennent pour la plupart pas le temps de se poser quelquefois et d'ouvrir leur sens à ce qui les entoure. Cela les aiderait pourtant à être moins nerveux donc moins fatiguée et mieux compétents dans leur travail. Enfin, elle a vite remarqué que beaucoup d'adultes vivent trop terre-à-terre à son goût et rejettent les rumeurs de la magie noire qui se répandrait tout doucement dans la ville. Bien d'autres choses encore l'ont peu à peu guidée vers cette idée de différence, même si elle se dit d'autre part que penser des gens comme un groupe et non pas comme des individus se révèlera tôt ou tard être une erreur.
La jeune fille est aussi amoureuse de l’art. La musique mais aussi l’écriture, la peinture, la sculpture et même l’architecture, d’où son amour pour la cathédrale de Londres. Elle passe beaucoup de temps sur son petit tabouret à faire danser ses doigts qui inclinent les touches dans une pluie de cristal, mais elle aime aussi lire des livres, de la poésie notamment, aller voir des expositions de peinture et de sculpture, et contempler tous les plus beaux bâtiments qu’elle peut croiser, et ce depuis qu’elle est allée à Venise. La Basilique San Marco n’a pas été la seule à l’éblouir, de nombreuses cathédrales et églises de cette ville l’ont touchée, les petites statues et autres symboles cachés un peu partout dans la ville ont aussi attiré son regard émerveillé. L’art est si beau et si répandu qu’elle a parfois eu l’impression que tout le monde était artiste, mais elle sait que ce n’est malheureusement pas vrai. Beaucoup de gens ne sont pas artistes, bien souvent parce que cette facette de l’humain est restée cachée en eux, parfois parce qu’elles leur font malheureusement défaut, ce qui est bien dommage…
Mais Elena ne se résume pas à de charmantes manières hypocrites ni à un bout d’âme artiste et un peu rêveur. De par sa vie difficile, elle est devenue une jolie mélancolique qui cache sa peine de la façon la plus agréable qui soit pour autrui. Ses images métaphoriques sont souvent empruntes de cette mélancolie et d’une dose d’obscurité assez marquée. Lorsqu’elle est seule, finies sont les mensonges et les sourires. Son visage se peint de tristesse, ses lèvres fredonnent parfois quelque mélodie et il lui arrive de verser une larme en murmurant d’une intense nostalgie : « Niizie… ». Elle regrette cruellement sa période passée dans l’amour et, si elle a deviné que même sa Niizie lui cachait d’importants secrets, elle ne cherche pas à les connaître, de peur de découvrir derrière elle un monstre manipulateur et sanguinaire qui ne faisait que simuler l’affection qui luisait dans ses yeux comme Elena simule la joie par ses sourires. Elle sait que Niiza a un rapport serré avec Lilith et se souvient parfaitement de son rêve qui a sorti de l’ombre ce soupçon qu’elle n’avait pas encore remarqué en elle. Mais elle ne veut pas y penser, elle préfère se leurrer dans l’ignorance et continuer de se raccrocher à sa Niizie car elle est tout ce qu’il lui reste. Elena se sent proche des fleurs et des papillons, elle a l’impression qu’ils viennent vers elle pour les réconforter. Elle s’est mise dans la tête que l’âme de Niiza va d’aile en aile de papillon, de pétale en pétale de fleur. Mais, paradoxe surprenant, elle préfère souvent réduire en poussière ces petits corps plutôt que les choyer en pleurant.
Ceci est donc une autre facette de sa personnalité, la moins équilibrée de toutes mais heureusement assez discrète. Par un raisonnement à la fois tordu et logique, la jeune fille est venue à détester ses manières tout en les prônant. Voyez-vous, sourire et se montrer courtois envers tout et n’importe qui charme une bonne quantité de monde malgré ses iris rouge sang et cela lui permet de se protéger car elle refuse de tisser des liens comme vous le savez déjà. Elle n’a pas de liens, donc elle n’est pas trahie. Mais ce n’est pas ainsi qu’elle a raisonné, non. Son raisonnement semble improbable, on se demande jusqu’où elle peut aller pour en arriver à ce stade. Si Elena ne veut pas se créer des relations un peu approfondies, c’est qu’elle n’a pas envie de tromper les gens. Elle a peur de trahir, mais de trahir contre son gré. Ses manières, elle les a depuis toute son enfance, bien avant de se décider à les exploiter pour se cacher. Depuis sa toute petite enfance elle est calme et agréable quoiqu’un peu distante toujours. Depuis toute son enfance, elle est charmante voire adorable. Et c’est bien ce qui ne lui plaît. Niiza la trouvait charmante, adorable au point où elle lui embrassa les lèvres comme la Dame plus tard, elle la choya, la protégea. Et mourut. Sa mère, qui l’aima plus qu’aucune mère de l’époque n’aima son enfant, mourut également. Son père… elle ne s’en souvient pas, mais peut-être l’aima-t-il aussi. Lilith, celle qui guida la demoiselle lorsque Niiza disparut, mourut aussi. Et la dernière qui commença à s’attacher à la jeune fille comme Niiza l’aima fut tuée. Mais ce fut Elena qui orchestra sa mort. Car elle a vu dans cet amour dans ses yeux, et a su qu’on ne l’aimait pas pour ce qu’elle était. On ne l’aimait que pour ses agréables qualités, on l’aimait même quand elle se montrait un peu plus froide que d’habitude en période de rechute, parce qu’elle restait douce et souriante. Et elle a dit stop à tout cela. Elle refuse qu’on l’aime uniquement pour une part d’elle mensongère, une part qu’elle n’a pas. Elena n’est pas gentille ni adorable. D’abord, elle est menteuse. Ensuite, elle est cruelle, elle n’a pas hésité à diriger quelqu’un vers la mort sans le moindre remord. Enfin et surtout, elle est folle. Elle est possédée par le diable qui lui a laissé dès la naissance une marque éternelle qui la suivra même en enfer. Cette marque, ce sont ses yeux évidemment. Elle les déteste, les exècre plutôt, et rêve de pouvoir se les arracher. Elle serait prête à devenir aveugle et donc vivre plus triste encore qu’aujourd’hui si on pouvait lui arracher ses globes oculaires. Hélas, c’est sans doute douloureux et elle pourrait en mourir… Or, il n’est pas question de mourir. Mourir signifierait laisser s’échapper Niiza, et il en est hors de question. Alors, contre son gré, elle garde ses yeux et les fixe dans le miroir, elle les fixe longuement avec tout le mépris dont elle est capable, et le diable par ces yeux lui répond d’un regard brûlant. Elle a aussi parfois un comportement parfois un peu singulier, un peu effrayant. Ayant vu suffisamment de sang, elle n’en est plus autant dégoûtée qu’elle devrait l’être, elle aime donc les images dites glauques. Notamment avec les fruits rouges qu’elle aime beaucoup, les fraises et les cerises en particulier, qu’elle aime croquer délicatement ou les déposer directement dans sa bouche au travers de ses lèvres. Elle aime sentir le jus se répandre sur son palet et parfois couler sur sa lèvre inférieure puis sur son menton qu’elle essuiera immédiatement avec une serviette prévue pour. Les cerises sont délicatement sucrées tandis que les fraises gardent une douce et agréable amertume qu’elle déguste parfois en fermant les yeux lorsqu’elle est seule et en paix. Non seulement ces fruits sont délicieux, mais elle adore leur couleur rougeâtre comme celle de ses yeux qu’elle ne peut pourtant pas supporter sans haine. Vous savez pourtant que la demoiselle pense de façon paradoxale, non ? Et elle aime également écraser une petite poignée de quelques uns de ces fruits qui laissent alors leur jus, leur sang, s’écouler entre les doigts de la jeune fille et tâcher l’herbe ou les pavés, car l’adolescente n’écrasera jamais ces fruits ailleurs que dehors afin de ne pas salir la maison.
Si, elle est vraiment démente. Si ce n’étaient pas ses yeux ou certains comportements étranges qui le démontraient, ce serait son destin. Tous ses proches sont morts, beaucoup ont été emmenés par la reine d’ailleurs, reine qu’elle hait également, comme sa famille d’ailleurs, et dont elle s’amuse quand elle l’espionne à travers l’espace et le temps. Si ce n’était pas non plus son destin qui montrerait sa démence du doigt, ce seraient ses crises. Elle n’en a pas eu beaucoup finalement. Une seule dans sa toute petite enfance, alors qu’elle était pétrifiée car c’était la première fois qu’elle sortait de chez elle, première fois sans sa mère. Depuis, elle s’est promise de ne jamais se laisser aller. Si elle va mal, elle doit exprimer sa douleur autrement qu’en hurlant ; et le piano est une très bonne façon d’évacuer. Cependant, après ce qu’elle a récemment vécu, de nouvelles crises de démence s’en sont prises à elle. Ce sont des images qui la poursuivent où qu’elle aille, qui l’angoissent, qui la torturent. Elle ne veut pas revivre les pires moments de sa vie mais elle n’a pas le choix, les images sont trop prenantes et puissantes. Elles insistent, elles la frappent de toute part, et tout ce qu’elle peut faire c’est fermer les yeux et se boucher les oreilles. Tout ce qu’elle peut faire, c’est hurler, hurler, hurler, pour faire fuir ses images, tout en se fermant en clôturant ouïe et vue. C’est affreux, affreux ! Et, une fois que ça se termine, elle se redresse en tremblant, les yeux humides, les pommettes rougies. C’est d’ailleurs le seul moment où une couleur apparaît sur son visage joliment pâle et uni.
Mais elle a trouvé un moyen de ne plus subir les brûlures de son âme cendrée. Un moyen simple et efficace : la haine. Et l’a dirigée vers la reine. C’est à cause de la reine si elle est devenue la fille d’aujourd’hui, c’est à cause de la reine si elle a tué. Alors elle se consacre quelquefois quelques minutes afin de voir à quoi ressemble sa vie, et elle se délecte de lui voler secret sur secret, le principal étant que oui, elle vit dans la magie noire. Plus encore, elle a trouvé satisfaction dans cette nature plus pourrie encore que la sienne. Elle n’est pas la seule à être sous l’emprise du mal… Alors elle n’a plus besoin de se couper les veines, n’est-ce pas ?
L’amour… D’abord le cœur s’enflamme sous la passion, puis il se rend compte qu’il devient cendres, alors il se met à hurler. Mais il peut hurler et pleurer tant qu’il le voudra, jamais ne s’éteindront les flammes. Alors le cœur se meurt dans l’océan de ses larmes, brûlé et noyé dans les abîmes de l’amour.
Dernière édition par Elena E. Van de Castele le Lun 13 Juil - 1:03, édité 1 fois | |
| | | Elena E. Van de Castele
† Date d'inscription : 16/02/2009 † NBR MSG : 17
| Sujet: Re: Elena ~ Black and red flower Mer 8 Juil - 20:39 | |
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Dernière édition par Elena E. Van de Castele le Jeu 16 Juil - 22:24, édité 2 fois | |
| | | Elena E. Van de Castele
† Date d'inscription : 16/02/2009 † NBR MSG : 17
| Sujet: Re: Elena ~ Black and red flower Mer 8 Juil - 20:41 | |
| RP (pour la forme) : - Spoiler:
Musique lancinante. Elena, Elena. Quel est ce nom, quel ce mot ? Le nom de qui, le mot de quoi ? Elena, Elena. Je le dis et le redis, il danse dans mon esprit, ricane et crache sur ma mémoire. Elena, Elena. Je suis Elena. Quelle est donc la différence entre un être humain et un autre ? Quelle est donc la différence entre un être humain et un animal ? Le premier est sans doute plus sauvage que le second. Violence lancinante qui rit, rit, rit. Qui grince, grince, grince. Pourquoi donc a-t-il fallu que quelqu’un ou quelque chose fasse naître l’être humain, le fasse tenir durant des centaines de millénaire… jusqu’à ce que je naquisse ? Voyez donc les pensées sombres et tumultueuses qui me poursuivent. Je suis damnée depuis ma naissance, et tout me le rappelle, depuis mes yeux jusqu’à l’absence de celle que j’aimais. Tout me le rappelle, le violon qui ne servira jamais, le petit tabouret froid devant le piano, la boîte à bijoux qui, quand je tourne la molette, s’ouvre tout doucement et chante et danse. La neige de l’hiver qui, après avoir plongé toute Londres dans une sourde léthargie, se retire peu à peu et m’abandonne à ma peine tandis que vient le soleil qui rit de moi et me susurre chaque jour : « L’été arrive, les sourires aussi. ». Tout me le rappelle et j’en souffre. Mais la délivrance arrive. Bientôt, tout pourra rire et pourrir mon âme noire, ce sera trop tard. Toutes ces ténèbres s’éteindront, et je ne serai bientôt qu’une coque vide condamnée à lire chaque jour un peu du précédent pour ne pas se perdre dans le fil de ce qu’on appelle communément vie. Je serai bientôt une coque vidée de ses souffrances. Mais cette délivrance, je l’exècre. Je souhaiterais que jamais n’arrivât-elle, que jamais ne me caressât-elle de son doigt tordu. Oh, esprit tortueux enfermé dans ce corps souillé qu’on appelle Elena, pourquoi dois-tu être si tourmenté, pourquoi ? Tu souffres, tu te souviens des souffrances passées et souffres encore, mais tu refuses la délivrance. Pourquoi ? Parce que je ne veux pas oublier. Je ne veux pas oublier le passé qui me tortura et me torture encore, je ne veux pas oublier le soleil qui se couche, je ne veux pas oublier les lueurs des étoiles du matin, je ne veux pas oublier le bruit doux de la pluie, je ne veux pas oublier ce regard… Mon amour est morte, mais je la fais vivre en pensant à elle, je la fais vivre en pleurant pour elle, elle n’est pas réellement morte… Et si je l’oublie, alors viendra sa seconde mort, fatale cette fois. Non, je refuse, elle ne mourra pas, pas une deuxième fois. Alors je vais écrire. Il a fallu que je me fasse pression pour enfin prendre une plume et la baptiser. A présent me voilà partie. Je ne raconterai pas mon passé, j’y pense assez. Je me contenterai d’écrire. Ainsi, je coucherai sur papier un zeste de vie, tout ce qu’il me reste pour mon amour. Je saignerai ma plume jusqu’à sa dernière goutte de vie. Et quand viendra la fin, la dernière des dernières, Niiza restera en vie, immortelle, éternelle sur le papier. Niiza. Je t’aime.
Me voici hors de mon cocon, loin de tous ces objets qui me retiennent à elle. J’ai seulement sur moi la petite boîte à musique dans un petit et discret sac à bandoulière noire ainsi qu’une montre à gousset que j’ai trouvée dans les affaires de Niizie. Je sais bien qu’elle aime cette montre, c’est pour cela que je garde sur moi, pour sentir cet amour encore vivant. Vêtue de ma robe commune et noire, je vole par-delà les toits jusqu’à l’endroit préféré de la ville : la cathédrale. Je crois plus au diable qu’au dieu que je ne vénère pas, mais que j’aime ces flèches qui s’élèvent vers le ciel, que j’aime ces chœurs que je viens souvent écouter, que j’aime cet orgue qui s’élève parfois solennel, que j’aime ces lumières qui illuminent l’œil de celui qui courbe la nuque en arrière. Que j’aime me jucher au sommet des centaines de marches et observer Londres de mon havre. Je ferme les yeux pour écouter le chant et sentir les caresses du vent doux même au printemps. J’ouvre les yeux pour contempler le ciel violacé. La nuit approche, avec elle le crépuscule. J’ai hâte de voir les nuages pâlir, j’ai hâte de voir le croissant argenté apparaître. Hélas ! J’entends des voix à l’intérieur de la cathédrale. Des ecclésiastes foulent les marches célestes qui les montent vers le ciel. A mi-chemin se terre mon âme damnée et déjà brûlée de l’intérieur. Je n’ai pas le choix, je dois m’enfuir. Telle une voleuse, je passe par-dessus le balcon de marbre et descends lentement mais sûrement de mes jambes souples et mes doigts habiles. Me voici hors de mon havre.
Mes chaussures souples se déposent en douceur sur les pavés humides de Londres. Les nuages sont plus forts que la lune à peine visible, doucement l’étouffent et l’effacent. Je ne vois pas d’étoile entre les bâtisses élevées. Juste les nuages qui, non contents de leur douce lueur mauve, se sont étendus dans le ciel, quittant leur couleur pour s’afficher gris de plus en plus sombre. La lumière s’efface, la nuit tombe trop vite. Je n’aurais pas pu profiter du crépuscule aujourd’hui. Dommage. Je parcours lentement les rues mais je n’entends pas mes pas car le vent souffle dans mes oreilles, doucement certes, mais avec suffisamment d’ampleur pour rendre indécelables mes pas déjà discrets. Rester coincée dans des rues étroites ne me plaît pas, de néfastes souvenirs s’éveillent doucement comme s’approche la pluie. Je saisis la première occasion de grimper sur les toits. Les gens laissent souvent de vieilles caisses s’entasser dans les étroites impasses séparant les maisons. Perchée près d’une cheminée éteinte, non loin d’un endroit pour redescendre, je ferme les yeux pour écouter ce vent que j’aime et qui souffle toujours un peu plus fort dans mes oreilles, jusqu’à ce que je sente une goutte sur ma main, puis rapidement d’autres sur le reste de mon corps dénudé. Très vite, les gouttelettes se transforment petite pluie, la petite pluie se transforme en épaisse averse. Il pleut des chiens et des chats, dit-on. La première fois que j’ai entendu cette formule, ce n’était pas chez moi mais dehors, après avoir perdu mes parents, dans la rue. La première fois que j’ai entendu cette formule pour le moins familière, j’ai souri en imaginant les animaux s’écraser par terre et sur les toits en soupirant. Les torrents qui s’écoulent sur les toitures ne sont-elles pas d’épais filets de sang qui auraient caché leur couleur, leur odeur, et modifié leur saveur ? Je serais bien restée sur ce toit, mais si je ne m’en vais pas tout de suite, lui et moi seront trempés. Avec extrême précaution, je retourne vers le petit endroit qui me permettra de descendre sans encombre près duquel je m’étais juchée. Mes pieds veulent glisser, me précipiter vers une chute peut-être pas mortelle mais douloureuse, mais voilà que j’atteints déjà l’endroit où je descends. Un pied m’échappe, une main me retient. Enfin, j’entame ma descente. Je saute les derniers cent cinquante centimètres. D’un pas rapide, je retourne chez moi, à la maison qui se situe à la limite du ghetto misérable des vampires. Je suis bien idiote, maintenant trempée, je risque bien de tomber malade malgré la saison. Et j’ai beau voler en quantité, je ne pourrais me payer un médecin sans avoir à vendre un objet de valeur, et encore : le docteur me poserait l’inévitable question : « Etes-vous seule, mademoiselle ? » Je rentre donc dans la maison. Pas de cheminée malgré son confort, je suis obligée d’allumer mille bougie dans la chambre et de m’envelopper dans une couverture une fois mes vêtements trempés troqués contre des secs et doux. Mais très vite j’ai moins froid. Je ne sens pas le moindre symptôme de maladie pour l’instant, c’est un bon présage. Je suis un peu fatiguée à présent. J’ai pourtant dormi durant la journée entre plusieurs séances de piano, mais voir toutes ses flammes danser autour de moi me berce. J’ouvre mon petit sac et j’en sors ma boîte à bijoux. Il suffit de tourner la petite clef et la voilà qui s’ouvre toute seule, une petite princesse vêtue de blanc y danse au rythme de la musique qui s’élève doucement. Je m’allonge sur le lit et plonge en douceur dans des rêves agités.
Quand j’émerge du sommeil, je me souviens encore de ce mauvais rêve qui m’accable régulièrement, pas toutes les nuits fort heureusement, mais une à deux fois tous les sept jours c’est déjà trop. Je voudrais pouvoir oublier ces heures qui furent les pires de ma vie. Si seulement je pouvais cibler les fragments de passé à sacrifier, je ne serais pas obligée de m’immobiliser sur un bureau, une plume à la main, pour écrire ses lignes. Mais finalement, ce n’est pas si dérangeant que cela. Ma main n’est pas bien habituée, mon écriture est étrange et maladroite. Mais avec le temps, je m’y ferai, j’écrirai comme ces gens du moyen-âge qui copiait et recopiait inlassablement des livres entiers par des courbes harmonieuses. Après avoir quelques longs paragraphes, je range ma plume et ferme le livre vierge que je me suis acheté il y a peu. Je m’étire longuement, prend un châle léger et sors de cette maison où je m’y sens parfois un peu à l’étroit. Sur le pas de la porte, j’observe l’extrémité sombre de la rue, cette rue étroite qui fait partie du ghetto. Comme il est loin le temps où je pouvais la fouler de mes pas léger sans danger grâce à la protection dont je bénéficiais. Ce temps est révolu à présent. J’esquisse un sourire en me rappelant la façon avec laquelle j’ai mis fin à cette période de vie où je jouais le rôle de la petite file fragile qui nécessitait l’attention d’être plus inhumains les uns que les autres. Personne autre que moi n’a vécu ce que j’ai vécu, certains auraient sans doute bien aimé avoir mon expérience. Qui ne voudrait pas pouvoir enfin s’entendre avec au moins un vampire et se dire « Lui, ce n’est pas un monstre. » Qui ne voudrait pas, juste par curiosité, partager un lien avec un vampire ? Après tout, ils ne sont plus une menace à présent que la reine les tient attachés. Allons bon, ne me dites pas que vous ne trouveriez pas enrichissant de faire connaissance avec un vampire sans la crainte de vous faire manger. Et bien je puis vous dire que cela n’a rien de bien enrichissant. Ce n’est qu’une expérience dont on peut bien se passer, voilà tout. Sauf si vous découvrez que votre âme- sœur est un vampire… Je détourne le regard pour observer la rue plus large et un peu plus éclairée qui s’offre à moi. Cette rue qui me retient avec les êtres humains et me protège des violences sanglantes de mes voisins. Seule une ligne imaginaire permet de séparer ces deux mondes. Si je vous disais que les vampires découlent de l’homme, vous seriez sans doute vexés. Pourtant, vous partagez la même violence. Les vampires sont plus sincères sur leur nature que vous-même qui êtes plus vicieux. Je me mets en marche vers le monde humain mais, très vite, je prends de la hauteur pour me protéger de tous ces fous qui trainent dans la rue. On ne sait jamais ce qui pourrait encore m’arriver… Me voici à nouveau qui vole par-delà les toits qui ont un peu séché, libre comme le vent qui s’est à présent endormi. La ville aussi semble endormie, mais combien de gens grouillent dans les cafés et les bars, combien de femmes aguicheuses prennent la main d’hommes laids ou désespérés ? Il semble que je sois un peu jeune pour penser tout cela, mais j’ai vécu plus qu’aucune jeune femme alors il faut bien que je connaisse ces côtés sales de l’être humain. Mon pied dérape mais ma main ne me sauve pas cette fois. Je me suis fait avoir par l’accueil amical des toits qui sont encore un peu mouillés, notamment à l’endroit où je perds l’équilibre. Mon corps s’affale sur les tuiles et glisse dans la douleur. Un genou m’élance, mes doigts me font mal. Je suis au bord, sur le point de tomber, seuls mes doigts me retiennent mais ils lâcheront bientôt. Un pied dépasse de l’extrémité du toit. Je plie la jambe, cherche un endroit où m’appuyer. Lentement, doucement, j’assure à mon corps la stabilité puis, avec autant de précaution, me redresse juste assez pour pouvoir me déplacer jusqu’à un endroit où la sécurité est plus présente. Je frotte ensuite mon genou douloureux. Il faut que je descende mais cela va être un peu compliqué. Me voici assise sur une caisse à plier et déplier ma jambe. Mon genou me fait toujours mal, mais la douleur s’est légèrement estompée et je pense que je m’en sortirai avec un joli bleu.
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| | | Alexiel F. L. de Sancé
† Date d'inscription : 03/01/2009 † NBR MSG : 16 † Sexe : Féminin
† Citation : Un long suicide acide, je t'aime Mélancolie. † Amant(e) / Âme-Soeur : Mon souffle de vie est décédé, j'agonise lentement, privé d'air, privé d'elle. † Titre : Puriste & Prince
| Sujet: Re: Elena ~ Black and red flower Ven 17 Juil - 20:58 | |
| Bienvenue sur Mad Tea Party~
Sublime. Cette fiche est un délice pour les yeux, un régal du début à la fin ! J'ai pris beaucoup de plaisir à la lire : elle est formidablement bien écrite sous tous points de vue ( orthographe, syntaxe, style... ). Il n'y a rien à redire sinon qu'elle est parfaite. Absolument.
Validée >> Ordre du Camélia. | |
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| Sujet: Re: Elena ~ Black and red flower | |
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| | | | Elena ~ Black and red flower | |
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