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 C'est un beau matin pour revivre. [HAKU]

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C'est un beau matin pour revivre. [HAKU] Empty
MessageSujet: C'est un beau matin pour revivre. [HAKU]   C'est un beau matin pour revivre. [HAKU] Icon_minitimeSam 14 Mar - 20:18

    Il sortait sûrement d'une de ces maisons closes qui parsemaient le quartier. Son visage rentré dans son col, il essayait d'y cacher sa culpabilité répugnante et pathétique, sans succès. Il puait la honte, suintait la peur et le dégoût. Ludwig le regardait sans rien ressentir, sans rien penser, ses yeux de cet émeraude éteint perçait en silence l'esprit de l'homme. Sentant un regard peser sur son dos voûté, celui-ci accéléra son pas. Sûrement avait-il une femme, des enfants – deux garçons et une fille – qui dormaient tranquillement dans leur lit. Sûrement ne l'aimait-il plus, sa femme, sûrement ne l'avait-il jamais aimé et noyait-il son désespoir et sa solitude dans les formes généreuses d'une putain, pour une heure, ou même pour deux. Pathétique.

    Beaucoup auraient trouvé ça triste. Beaucoup, en regardant cet homme fuir son pêché, l'auraient pris en pitié. Ils auraient imaginé sa vie, comme le faisait Ludwig en cet instant, ils l'auraient imaginé, cette femme dont les formes ont été allongées par le poids des enfants affamés et des années, et sûrement se seraient-ils dit qu'ils le comprenaient, cet homme, qu'ils comprenaient sa bassesse, son besoin d'oublier sa triste vie, de se noyer dans l'illusion.
    Ludwig, lui, ne comprenait pas. Ludwig ne voulait pas comprendre. Se baigner dans l'illusion, ça n'était pas pour lui. Il aimait savoir, comprendre, connaître, soif insatiable qui l'habitait depuis sa plus tendre enfance. Peu importe si la vérité blessait plus que l'illusion, elle au moins, avait le mérite de ne pas mentir, d'être toujours tranchante certes, mais vraie. Cela n'avait pas de prix.

    La silhouette de l'homme s'effaça dans la nuit. C'était l'une de ces nuits profondément noires, aussi noires que les ténèbres les plus profondes, aussi noires que le coeur du plus vil des criminels. C'était l'une de ces nuits noires, comme Ludwig les aimait. Il fixa pendant quelques instants l'infini, le rien. Il n'y avait rien à voir et Ludwig regardait, passionné.
    Adossé contre le mur de pierre crasseux de l'immeuble de cette ruelle sans nom, l'adulescent ne semblait pas à sa place. Avec sa chevelure de feu tombant jusque ses omoplates et son costume aux ornements délicats et précieux, il était une proie de choix. Cela faisait pourtant bientôt une heure qu'il était là, à dévisager les rares passants, à défier la nuit et l'obscurité, et personne encore ne l'avait pas abordé. Présenté ainsi, on aurait pu croire que Ludwig n'attendait que ça, d'être abordé. De se faire tabasser, voir sa tête écrasée contre la pierre, sentir le sang chaud couler le long de sa peau, la douleur envahir ses membres. On aurait pu croire. Qui sait ce qu'il se passe dans cet esprit malade ?

    Le froid mordant commençait à le faire frissonner. Finalement, le jeune homme passa avec grâce une main dans ses cheveux et se détacha mollement de son appui. Il posa son haut de forme sur le haut de son crâne et se mit à marcher au hasard des rues. Bientôt, pensa Ludwig, le soleil se lèverait. Il avait passé la nuit dehors, à ne rien faire.
    Il tuait le temps, tout simplement. Le plus lentement possible, il tuait le temps.

    Ces derniers temps, Ludwig traversait une période de vide. Vide artistique, vide sentimental. Du vide à en vomir par les yeux, du vide dégoulinant de partout. Peut-être qu'au fond, sa solitude, celle là justement qu'il n'acceptait pas, commençait à le peser.

    Alors que ses pensées se baladaient, le soleil doucement se levait. Son astre ne brillait encore, seulement le noir de la nuit s'illuminait petit à petit, les étoiles quant à elles s'éteignaient une à une.
    Les pas de Ludwig l'avaient ramenés vers une des artères principales du quartier. Une calèche passa, le bruit des sabots sur les pavés. C'était l'un des bruits préférés du jeune créateur. Dans cette rue déserte aux teintes de l'aube, il s'assit sur un banc, posant son chapeau noir à ses côtés, croisant élégamment ses jambes l'une au dessus de l'autre.

    Quand ce beau blond passa devant lui, Ludwig crut que son coeur s'arrêta. Ludwig est un gamin qui marche par coup de foudre. Je ne parle pas ici d'amour, non, uniquement de coup de foudre, de coup de coeur, et à voir la vitesse à laquelle celui-ci battait, ce terme est sûrement le plus approprié. Il l'avait déjà vu, à la cour, auprès de la Reine, quand il était jeune, ce visage noble, ces cheveux soleil, ce cache oeil aux fioritures délicates, oui, il le connaissait, c'était certain. Et dieu, ce qu'il était beau.

    - Excusez-moi ! Je vous connais ?

    Il l'avait presque crié, de peur que l'homme ne s'envole avant de s'être retourné. Ludwig avait tendu sa main, au cas où, et au moment où l'homme posa ses yeux d'un bleu si pur dans les siens il ne put s'empêcher de sourire, sourire où se mêlaient l'espièglerie et le soulagement. Cet afflux de sang dans son coeur, ce rouge qui lui montait aux joues, ce sourire qu'il ne pouvait retenir, ah ! il revivait.

    - Attendriez-vous le lever du soleil avec moi ?

    Une période de vide ne dure jamais très longtemps.
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